Améliorer l'expérience collaborateur grâce au BSI dématérialisé
Si l’expérience collaborateur intègre aujourd’hui de nombreuses composantes qui vont bien au-delà de la rémunération, il ne faut néanmoins pas sous-estimer la place occupée par ce pan de la relation employeur – salariés. Appliquer une politique salariale cohérente reste, en effet, un levier d’accroissement de la motivation au travail. En dépit de ce constat, du fait de la complexification des systèmes de rétribution1, salariés et managers n’ont souvent pas de vision globale de leurs avantages.
Améliorer la communication autour de la rémunération s’avère alors nécessaire pour les entreprises, notamment dans une période d’incertitude telle que la crise sanitaire actuelle. En récapitulant les salaires et avantages de chaque salarié au cours de l’année écoulée, le Bilan Social Individuel (BSI), véritable outil de communication RH, apparaît alors comme un document essentiel au service de la motivation des salariés.
Quelles informations y communiquer ? Sous quelle forme le distribuer ? Quels bénéfices employeur et salariés peuvent-ils en attendre ?
Le BSI : reflet de la politique RH de chaque entreprise
Le BSI est un document adressé de manière personnalisée et nominative à chaque salarié2. Son élaboration étant facultative, il n’existe pas de contrainte légale concernant son contenu. On y retrouve le plus souvent les informations suivantes :
- Le salaire brut (fixe et variable)
- Les primes et bonus exceptionnels
- Les cotisations sociales salariales et patronales
- L’épargne salariale : intéressement, participation, abondement, PERCO (Plan d’Epargne pour la Retraite Collectif), PEE/PEG (Plan d’Epargne Entreprise / Groupe) etc.
- La protection sociale : santé, prévoyance, retraite, mutuelle, etc.
- L’évolution de la rémunération globale comparée à l’année précédente
Selon la stratégie de l’entreprise, le BSI pourra également contenir des informations pouvant mettre en valeur la politique de qualité de vie au travail de manière plus globale :
- Congés et RTT
- Formations suivies au cours de l’année
- Avantages en nature : voiture de fonction, restauration, participation au transport, place en crèche, etc.
- Autres avantages : tickets restaurant, chèques vacances, etc.
Le BSI au service de l’expérience collaborateur
En centralisant des informations traditionnellement communiquées au salarié de manière éparse, le BSI devient un document clé de son parcours dans l’entreprise. Il permet ainsi à chaque membre du personnel de prendre conscience de l’ensemble des avantages qui sont mis à sa disposition.
Véritable vitrine de la politique RH, il renforce la transparence du dispositif global de rémunération de l’entreprise3 et permet une meilleure compréhension de celui-ci par les salariés. Ce faisant, il contribue à accroître le sentiment d’appartenance à l’entreprise. Une relation de confiance s’installe alors, ce qui contribue à favoriser la motivation des collaborateurs.
Ce cercle vertueux bénéficie en retour à l’employeur puisqu’en améliorant l’engagement de ses salariés, celui-ci investit dans leur fidélisation. Il se prémunit ainsi de départs coûteux pour l’entreprise, tels que ceux de collaborateurs choisissant de rejoindre la concurrence.
Enfin, transmis dans le cadre du processus de recrutement, le BSI peut se placer au service de la marque employeur et de l’attractivité de l’entreprise. En effet, pour donner aux candidats plus de visibilité sur la politique de rémunération, le service RH peut leur transmettre une version générique de ce document. Celle-ci peut-être réalisée pour chaque catégorie de personnel en fonction des particularités de l’entreprise (cadres et non-cadres par exemple). Les données ainsi moyennées permettent aux chargés de recrutement de présenter de manière concrète le package de rémunération auquel peut prétendre le candidat dans l’entreprise. Une manière de limiter d’éventuelles frustrations par la suite.
Dématérialiser le BSI pour maximiser son impact
Afin de répondre à son objectif de communication à la fois interne et externe, le BSI doit être facilement accessible par les salariés. Ceux-ci doivent pouvoir le consulter quand ils le souhaitent. Pour le service RH, distribuer le BSI sous format dématérialisé est alors un moyen d’en simplifier l’usage. Chaque collaborateur retrouve ainsi son document dans un espace en ligne personnel et sécurisé accessible depuis n’importe quel navigateur. À la clé, des retombées positives pour les salariés et le service RH.
Pour les collaborateurs, recevoir leur BSI électronique est tout d’abord un moyen de faciliter le dialogue avec leurs managers concernant leur rémunération. Plus facilement accessible qu’au format papier, ce document devient un véritable support d’échange (au cours des entretiens annuels par exemple).
En fonction du stade de la dématérialisation des processus RH au sein de l’entreprise, chaque salarié pourra par ailleurs accéder à l’ensemble de ses documents RH depuis son espace personnel en ligne. Bulletins de paie, contrat de travail, avenants et BSI peuvent par exemple y être centralisés ce qui simplifie les recherches et les démarches administratives de chacun.
Côté Ressources Humaines, l’envoi du BSI dématérialisé est un moyen de :
- Valoriser l’image de l’entreprise en mettant l’accent sur l’innovation et la performance
- Avoir une vision plus exacte du climat social qui règne dans l’entreprise. En facilitant les échanges, le BSI dématérialisé favorise les retours des collaborateurs sur leur perception de la politique de rémunération.
- Renforcer la sécurité des informations qui y sont communiquées, les données transmises dans le BSI étant par nature privées4.
- Monitorer son taux d’ouverture en demandant un accusé de lecture par exemple
- Gagner du temps sur la mise sous pli, l’envoi et le classement de ce document dans le dossier de chaque salarié.
- Réaliser des économies sur l’affranchissement et l’impression papier, d’autant plus que le BSI nécessite souvent des conditions d’impression adaptées : format livret ou dépliant, papier épais…
Pour conclure, il est essentiel de considérer qu’une bonne politique de rémunération va de pair avec une communication efficace sur le sujet. Si proposer un Bilan Social Individuel est une première étape essentielle dans la valorisation d’une politique salariale, il ne faut toutefois pas sous-estimer l’importance du canal de diffusion de celui-ci. En privilégiant la simplicité d’usage de ce document, via sa dématérialisation, l’entreprise maximise ainsi son impact sur l’expérience collaborateur.
Sources
- https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/01/23/la-transparence-attendue-par-les-salaries-sur-les-politiques-de-remuneration-ne-convainc-pas-tous-les-drh_6026926_1698637.html
- https://culture-rh.com/bilan-social/individuel-bsi/#Exemple_de_bilan_social_individuel
- https://www.focusrh.com/remuneration/pratiques-salariales-et-paie/le-bilan-social-individuel-bsi-sert-l-engagement-des-collaborateurs-33213.html
- Bilan social individuel - HRMAPS
Dématérialiser l'offboarding
Si les enjeux liés à l’intégration des nouveaux collaborateurs sont aujourd’hui maîtrisés par la plupart des services RH, ceux associés à leur départ de l’entreprise restent sous-estimés. Cette étape clé du cycle de vie du salarié, qualifiée d’offboarding, correspond à la période entre l’amorce de la fin de sa relation contractuelle (démission, licenciement, retraite, rupture conventionnelle…) et son départ effectif de l’entreprise. Difficile alors d’évaluer le retour sur investissement de ce processus puisque par définition, le collaborateur concerné est voué à quitter l’entreprise.
Pourtant, au cours de cette période, les démarches administratives entre le collaborateur et le service RH sont nombreuses (restitution du matériel, envoi et signature de documents…) et strictement réglementées. Fluidifier et fiabiliser ces interactions grâce à la dématérialisation peut alors permettre aux entreprises d’aborder plus sereinement l’offboarding de leurs collaborateurs.
Offboarding RH : quels documents dématérialiser ?
Le départ d’un collaborateur implique l’échange d’un nombre important de documents entre lui et le service RH. En effet, quelles que soient les circonstances du départ (volontaire ou contraint) et la taille de l’entreprise, le service RH devra obligatoirement lui remettre au minimum 3 documents1 :
- un reçu pour solde de toute compte,
- un certificat de travail,
- une attestation Pôle Emploi.
Selon le fonctionnement de l’entreprise et les procédures internes, il pourra également être amené à lui faire parvenir :
- une note d’information sur la portabilité de la mutuelle (si la rupture du contrat ouvre des droits à l’assurance chômage pour le salarié),2
- un récapitulatif des sommes épargnées et les modalités de liquidation de l’épargne salariale (si un dispositif d’épargne salariale est en place dans l’entreprise),
- le procès-verbal de restitution des équipements professionnels (téléphone, ordinateur, badge, véhicule…).
Grâce à ces documents, le salarié sortant aura la possibilité de faire valoir ses droits auprès de Pôle Emploi, de justifier de son expérience professionnelle auprès d’un futur employeur et, le cas échéant, de lui prouver qu’il est libre de tout engagement.
L’employeur, de son côté, a pour obligation de mettre à disposition du salarié ces différents documents de fin de contrat et de l’en informer3. Un processus administratif chronophage qui peut être grandement simplifié grâce à la dématérialisation.
Dématérialiser les documents de fin de contrat pour améliorer la productivité RH…
La dématérialisation des documents de fin de contrat peut, avant tout, être considérée comme un moyen de gagner du temps au sein des services RH. En effet, en fonction du nombre de collaborateurs, de la saisonnalité et du turnover, l’envoi ou la mise à disposition de ces documents peuvent représenter une lourde tâche. Ainsi, pour une société du secteur de la sécurité, telle que notre client Abscisse Sécurité, faisant appel à plus de 600 vacataires pour des missions de quelques heures, le volume de documents de fin de contrat édités chaque mois peut être vertigineux. Les envoyer par voie dématérialisée permet alors au service RH de gagner plusieurs heures de travail par mois, auparavant allouées à la mise sous pli, à l’affranchissement, à l’envoi et au suivi des demandes de signatures.
En parallèle, on constate une diminution des coûts administratifs : plus besoin d’encre, de papier ou encore d’affranchissement ! Dans le cas du reçu pour solde de tout compte, l’envoi dématérialisé avec accusé de réception et la signature électronique permettent de réaliser des économies non négligeables. En effet, lorsque ce document est remis au salarié sous format papier, celui-ci doit le recevoir en deux exemplaires avec accusé de réception (ou en main propre) puis le signer et l’envoyer en retour à son ancien employeur4.
À noter que les gains de productivité liés à la dématérialisation de l’offboarding ne se cantonnent pas au service RH. Par exemple, fournir au salarié une liste exhaustive du matériel qu’il doit restituer à la fin de son contrat permettra au service en charge de récupérer cet équipement de gagner du temps et de limiter le risque d’oubli. Une fois le matériel remis, un procès-verbal de restitution des équipements peut alors facilement être signé par le responsable du service et transmis au salarié.
…et pour prévenir d’éventuels litiges
Au-delà des considérations économiques, il est essentiel d’envisager la dématérialisation des documents de fin de contrat comme une manière d’accroître la traçabilité des échanges entre le collaborateur sortant et l’équipe RH. Or, qui dit traçabilité dit protection en cas de litige.
Dans le cas du reçu pour solde de tout compte, les services RH ont tout intérêt à être en mesure de fournir la preuve de sa délivrance (soit en main propre soit grâce à l’accusé de réception). Par ailleurs, bien qu’elle ne soit pas obligatoire, la signature du salarié sur ce document permet d’attester de son caractère libératoire. Si le salarié choisit de ne pas le signer, il a alors la possibilité de le contester pendant 3 ans, au lieu de 6 mois en cas de signature5.
Dans ces conditions, la dématérialisation fournit un certain nombre de garanties pour l’employeur. Elle lui permet :
- d’envoyer le reçu au salarié (qu’il soit physiquement présent dans les locaux ou non) et d’obtenir une preuve de sa réception,
- de recueillir électroniquement sa signature,
- ou éventuellement de paramétrer des relances en cas de non-signature.
La traçabilité permise par la dématérialisation est également un moyen pour le service RH de se prémunir des risques de litige concernant l’attestation Pôle Emploi. Dans la mesure où ce document peut, selon les situations, ouvrir des droits à l’assurance chômage, un retard dans son envoi peut causer un préjudice pour le salarié et entraîner le versement de dommages-intérêts pour l’employeur5. Il est alors préférable que ce dernier puisse fournir la preuve d’envoi de ce document.
La simplification de l‘offboarding RH au service de l’expérience collaborateur
Si les bénéfices d’un offboarding RH dématérialisé semblent essentiellement concerner l’employeur, il ne faut toutefois pas occulter son impact positif sur l’expérience collaborateur. En effet, pour le salarié sortant, recevoir ses documents de fin de contrat sous format dématérialisé laisse entrevoir des démarches administratives simplifiées. Un salarié en contrat court pourra ainsi actualiser sa situation beaucoup plus rapidement auprès de Pôle Emploi.
Au moment de son départ, le salarié cherchera également à regrouper au même endroit l’ensemble des documents RH qui lui auront été transmis tout au long de son parcours dans l’entreprise (bulletins de salaire, contrats, avenants…). En lui mettant à disposition l’ensemble de ces documents dans un espace en ligne sécurisé, le service RH contribue alors à simplifier son offboarding. Il pourra ainsi facilement les télécharger et éventuellement les imprimer ou les transférer dans un nouvel espace de stockage électronique. Tout risque de perte de document est ainsi écarté.
En facilitant les démarches du salarié sortant, le service RH lui assure une continuité dans son expérience collaborateur. Satisfait, il pourra alors se transformer en ambassadeur et promouvoir l’entreprise après son départ. Cela contribuera à améliorer la marque employeur et éventuellement à pratiquer le « recrutement boomerang« qui consiste à embaucher à nouveau une personne qui a déjà travaillé dans l’entreprise6. Un avantage indéniable pour l’employeur puisque ce type de recrutement est plus rapide qu’un recrutement classique et nécessite moins d’investissement en termes de formation et d’intégration.
Ainsi, en ayant recours à la dématérialisation dans le cadre de l’offboarding, les services RH misent sur une stratégie bénéfique à la fois pour l’entreprise et pour les collaborateurs sortants. Côté employeur, on constate une meilleure productivité et une limitation des risques juridiques. Les salariés qui quittent l’entreprise bénéficient quant à eux d’une expérience collaborateur soignée et abordent leurs futures démarches administratives plus sereinement.
Sources
- https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F21789
- https://code.travail.gouv.fr/fiche-service-public/peut-on-garder-la-mutuelle-de-lentreprise-a-la-fin-du-contrat-de-travail
- https://la-paie-facile.com/documents-fin-contrat/
- https://inspection-du-travail.com/solde-tout-compte/
- https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F21789#:~:text=Lors%20de%20la%20rupture%20ou,et%20une%20attestation%20P%C3%B4le%20emploi.
- https://recruteur.lefigaro.fr/article/5-bonnes-raisons-dembaucher-un-salarie-boomerang/
« Le digital facilite le quotidien des RH sans se substituer à l'action humaine »
Le digital transforme les pratiques RH depuis de nombreuses années. Ce qui peut être perçu autant comme une opportunité qu’un danger. Ces derniers mois ont été marqués par l’accélération des usages digitaux. Yves Grandmontagne, président du LabRH, livre à Primobox son analyse sur les liens qu’entretient la fonction RH avec le digital.
Quel regard portez-vous sur l’arrivée du digital dans la fonction RH ?
Le digital peut être vu comme une extension de ce qu’on peut appeler l’informatique avec la structuration des SIRH et des systèmes informatiques dans les années 80 et 90. Et c’est aussi depuis 5 à 10 ans, un ensemble de technologies assises sur l’intelligence artificielle ou l’exploitation des données. Finalement, la fonction RH fait face à un foisonnement de solutions. Ces dernières peuvent être utilisées de deux façons :
- faire différemment ou mieux les tâches à réaliser en s’appuyant sur l’automatisation
- investir des territoires et des sujets RH sur lesquels il n’était pas possible d’aller avant.
Ce deuxième point est sans aucun doute la partie la plus constructive, la plus innovante. Elle renvoie à des innovations de pratique ou de sujet. En somme, je dirais que l’intrusion du digital a ses bons et ses mauvais côtés. Sans être ni béat ni inquiet, le digital facilite le quotidien des RH sans se substituer à l’action humaine, par exemple dans les domaines suivants :
- le recrutement avec l’analyse des candidatures,
- les synthèses des besoins de formation
- la disposition des informations en temps réel sur le climat social…
Tout cela permet d’enrichir la réflexion et la capacité d’action des équipes RH, en leur permettant de se libérer du temps pour se consacrer à d’autres activités ou à plus de valeur ajoutée. Après évidemment, il faut être très prudent dans tous les projets qui intègrent des outils, notamment de l’analyse de données. Il convient de rester conforme au RGPD et être très vigilant à ne pas confier les décisions à la machine.
Est-ce qu’il y a encore des domaines en ressources humaines où le digital est appelé à se développer ?
Dans les entreprises qui souhaitent intégrer du digital, parmi les grands sujets sur lesquels ce dernier est de plus en plus présent, il y a le recrutement, la formation, la gestion des compétences, la qualité de vie au travail. Depuis un an, les confinements successifs ont contraint les entreprises, y compris celles qui n’étaient pas assez digitales, à organiser le travail à distance et imaginer des solutions différentes. La période a été un accélérateur de nouvelles habitudes. Par exemple, le confinement nous a certainement fait gagner plusieurs années dans l’adoption et la prise en main des outils collaboratifs.
Au même titre que le commerce en ligne a explosé, ces nouvelles pratiques boostées par le confinement sont appelées à s’intégrer durablement. Un domaine reste peu exploré : les relations sociales. C’est un sujet difficile, soumis à des aléas. Et puis, le dialogue ne s’industrialise pas, et cela n’est pas plus mal comme ça. D’ailleurs, les start-up que le LabRH peut côtoyer abordent très peu le sujet des relations sociales.
Que peut-on espérer pour demain et les DRH ?
Je vais être concret et pragmatique : on peut espérer que cette période de pandémie que l’on vit actuellement soit le déclenchement dans la plupart des entreprises d’une vraie réflexion sur leurs pratiques RH. Or il semble que les entreprises aient peu pris le temps pendant la crise de reconsidérer leurs pratiques RH pour les adapter au « monde d’après ». L’évolution des modes de travail pose par exemple la question du rééquilibrage entre les pratiques RH en présentiel et en distanciel.
Je fais partie des personnes qui pensent que nous sommes dans un basculement, un changement systémique des organisations, des entreprises et des modes de travail. Les entreprises ont besoin d’anticiper maintenant les changements à venir, qui s’accélèrent et se mettent en place plus rapidement. Elles doivent préparer leur politique RH à ce nouveau contexte. Leur grande difficulté, identifiée au LabRH, est qu’elles ont connaissance des innovations, et notamment celles qui pourraient leur être utiles, mais les réponses ne sont pas les mêmes d’une entreprise à l’autre.
La nécessaire modernisation des Ressources Humaines
Les DRH ont tout à gagner en se modernisant. Grâce à des processus simplifiés et fluides, elles améliorent leur propre qualité de travail et les relations avec les collaborateurs. Surtout, cette évolution est incontournable pour être en phase avec la transformation constante de l’entreprise.
La transformation numérique des entreprises avance comme une lame de fond. Difficile d’y résister sauf à prendre beaucoup de retard sur la concurrence, perdre des parts de marchés et finir par ruiner la pérennité de l’entreprise. Et puis, cette résistance ne pèse pas lourd devant les améliorations que ce mouvement apporte dans l’organisation. Comme tout changement, il faut bien sûr l’accompagner
- pour qu’il soit compris,
- que les bénéfices de tous soient appréciés correctement,
- et que les inquiétudes sur l’évolution des missions soient levées.
Gestion de la paie : une première pierre pertinente dans la modernisation des RH
Faut-il rappeler que la transformation digitale n’induit pas moins d’humain ? Les organisations qui ont opté pour cette voie se trompent. Le digital et la dématérialisation permettent de
- lever les lourdeurs des organisations,
- gagner du temps dans les procédures
- et fiabiliser les données partagées
pour accompagner et conseiller les collaborateurs. Et les mois qui viennent de s’écouler, en raison des confinements successifs, confirment cette utilité. Le digital est devenu transversal à toute l’entreprise, comme l’était avant lui le papier.
Par exemple, avec la COVID-19, les entreprises, qui avaient mis en place un traitement numérique de la paie, ont pu garder une gestion administrative efficace malgré les confinements et le télétravail imposés, y compris en prenant en compte les nombreux changements réglementaires. Pour les autres, une grande partie s’y est mise à marche forcée. Cette séquence leur a permis de constater que la mise en place de la dématérialisation s’avère simple et très rapidement opérationnelle. Les gains sont immédiatement mesurables, malgré une nécessaire adaptation des procédures en vigueur.
D’ailleurs, c’est sans doute par la gestion de la paie que doit débuter toute démarche de modernisation des Ressources Humaines. Non seulement, elle touche tout le monde, mais elle est très attendue par les salariés : près de 3 sur 5 selon un sondage d’Opinion Way1 de 2019. Et les directions financières peuvent espérer un retour sur investissement très rapide. Ainsi, le cabinet de conseil Althéa relève que 9 entreprises sur 10 qui suivent un processus dématérialisé de la paie sont conquises.
Les RH au cœur de la culture digitale de l’entreprise
Aujourd’hui, de nombreux outils digitaux permettent aux équipes RH de moderniser l’ensemble de leurs processus, et pas seulement la gestion de la paie. Il faut suivre cette voie, car elles ne peuvent pas se permettre d’être le parent pauvre de la transformation digitale de l’entreprise. Tout au contraire, elles doivent être le reflet de l’évolution des pratiques en vigueur, ni trop en avance, ni trop en retard. Cela tient à leur rôle central dans :
- l’organisation de l’entreprise,
- le plan de continuité d’activité,
- le suivi et la montée en compétences,
- la transmission de la culture et des valeurs de l’entreprise.
Si l’ensemble des équipes viennent à utiliser les outils métiers digitaux, les RH ne peuvent pas refuser de suivre le mouvement mais avancer de concert. D’ailleurs, en la matière, il est difficile de parler de retard irrémédiable. En effet, les outils digitaux évoluent sans cesse et apportent des innovations constantes. De sorte qu’une entreprise à la traîne peut se retrouver à la pointe en quelques semaines.
Cette capacité à rattraper un gap technologique montre qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais moment pour engager un chantier de modernisation des Ressources Humaines. Chacun peut avancer à son rythme, mais il faut éviter de se retrouver en marche forcée comme cela a été le cas il y a un an. Certes, le confinement a permis à de nombreuses entreprises de faire un saut d’innovation majeure, mais en termes de gestion des organisations, ce n’est pas viable sur la durée.
Marque employeur moderne et attractive
En effet, il ne faut pas brûler les étapes mais avancer marche par marche. Ce qui est en jeu c’est la qualité de l’expérience collaborateur et son impact sur l’image de la marque employeur. La lourdeur administrative peut être un facteur aggravant de mal-être. Aussi, chaque élément de modernisation se doit d’être non catégoriel et concerner chaque salarié. Ainsi, une fois la dématérialisation déployée, il paraît logique d’enchaîner avec
- l’amélioration de la circulation de l’information,
- la signature électronique,
- l’accès aux outils métiers et RH par des identifiants et mots de passe uniques,
- le traitement et l’analyse des données RH.
Le franchissement de cette dernière étape permet à la DRH de basculer vers un pilotage réel des Ressources Humaines. Elle dispose ainsi d’un juste regard, notamment sur :
- les besoins et les ressources en personnel
- la gestion des carrières
- le suivi des formations
- la qualité de vie au travail.
Le déploiement d’outils digitaux dans la gestion administrative des Ressources Humaines est une arme redoutable dans la guerre des talents. La souplesse et la fluidité des procédures s’avèrent des éléments concurrentiels déterminants chez les jeunes actifs avant de postuler pour un emploi ou accepter une offre qui leur est faite. Se moderniser c’est aussi une manière de montrer quel regard porte l’entreprise sur son avenir, le monde de demain, et la place qu’elle compte y occuper. Autrement dit, une autre façon de donner du sens à ce que font les collaborateurs, et les aider à se projeter dans le projet d’entreprise. Ainsi, stratégie et réalité se trouvent en cohérence.
Sources
La santé des salariés, une nouvelle donne pour les employeurs
Depuis le mois de mars 2020, la généralisation du télétravail, le chômage partiel et l’inquiétude générée par le contexte sanitaire et économique ont eu des effets déplorables sur la santé à la fois physique et mentale des salariés. De nouveaux enjeux semblent alors se dessiner pour les employeurs.
La crise sanitaire a nui aux conditions de travail des salariés
En France, 40% des travailleurs considèrent que leurs conditions de travail se sont dégradées depuis un an, selon une étude de la Dares (Direction de l’Animation, de la Recherche, des Études et des Statistiques du ministère du Travail) publiée en mai 2021 et dont les résultats sont analysés par Focus RH1. L’étude permet d’identifier les principaux secteurs concernés (banque & assurance, enseignement et santé) ainsi que les causes de cette dégradation des conditions de travail : hausse de la charge de travail, temps de travail allongé, difficultés dans la collaboration au sein des équipes, pression émotionnelle et isolement accru.
En conséquence, l’état de santé des salariés s’est nettement détérioré selon cette même étude qui démontre qu’en janvier 2021, 30% des travailleurs déclaraient un état de santé altéré. Parmi les explications possibles, France 32 note une forte hausse des troubles musculo squelettiques (TMS) depuis un an, liée en grande partie à des équipements inadaptés en télétravail.
La santé mentale des salariés est au plus bas
Au-delà des troubles physiques, la dégradation de la santé des salariés depuis le début de la pandémie se manifeste également par une détérioration de leur état psychologique. Selon le baromètre de la santé psychologique des salariés français, réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine et analysé dans l’Express3, « le taux de burn out a doublé en un an », ce qui représente plus de deux millions de français en burn-out sévère. Christophe Nguyen, dirigeant du cabinet estime que « cet épuisement professionnel se traduit par une forme de déshumanisation avec des gens qui fonctionnent comme des robots pour se protéger de leurs émotions et qui s’autocensurent par crainte d’en parler ».
La responsabilité de l’employeur vis à vis de la santé de ses salariés se précise
Selon l’étude menée par l’association Psychodon et OpinionWay publiée en avril 2021 et décryptée par Cnews4, 76 % des salariés estiment que l’entreprise doit être garante de la santé mentale de ses équipes. Côté employeurs, les décisionnaires RH sont plus de la moitié à affirmer qu’à l’issue de la crise, « leur entreprise prévoit de mettre en place davantage d’actions de prévention » (52%), selon l’étude Ifop5 menée pour Back Office Santé. Une tendance que vient confirmer l’article de Harvard Business Review6, qui affirme que les actions de prévention santé représentent un budget croissant pour les entreprises. Les dépenses sont principalement affectées aux équipements visant à prévenir les TMS, aux mesures prises pour éviter les accidents du travail ainsi qu’à la prévention des risques psycho-sociaux. Ce dernier volet passe, entre autres, par la formation des managers aux bonnes pratiques visant à créer un environnement bienveillant selon le journal des RH7.
Vers une amélioration des préoccupations liées à la santé mentale des salariés ?
Si elle a été accélérée par la crise sanitaire, la prise de conscience au sein des entreprises de l’importance de la santé des salariés, ne va faire que se renforcer dans les années à venir. Interrogé par Les Echos 8, Didier Meilleirand, fondateur de l’association Psychodon, remarque que les demandes de formations sur la santé mentale au travail ont explosé depuis un an. Autre signal de cette prise de conscience : la première norme mondiale donnant des conseils pratiques sur la gestion de la santé psychologique sur le lieu de travail sera publiée dès l’été 2021. Il s’agit de la norme ISO 450039 dont l’objectif évoqué par Sally Swingewood, manager du Comité Technique ISO « Management de la santé et de la sécurité au travail » est de « faire tomber les tabous mais aussi d’apporter des solutions concrètes ».
Ces évolutions des pratiques et des normes laissent entrevoir une nouvelle donne pour les entreprises sur le plan de la santé des salariés. Comme titre La Tribune10 : “Et si la crise boostait enfin la qualité de vie au travail ?”.
Sources
- Covid-19 : triple peine pour certains salariés – Focus RH – 07/06/2021
- Télétravail : « une inflammation chronique générale », les troubles musculo-squelettiques, le mal du confinement – France 3 – 07/04/2021
- Fin du télétravail à 100% : ce que prévoit le protocole à partir du 9 juin – L’Express – 27/05/2021
- Psychodon : 76 % des salariés considèrent que leur employeur est responsable de la santé mentale de ses équipes – Cnews – 30/04/2021
- Sondage : les décisionnaires rh et les enjeux de santé au travail – Ifop – 18/05/2021
- Santé et entreprise : de nouveaux enjeux à prendre en compte ? – Harvard Business Review – 28/05/2021
- La santé mentale en entreprise: une problématique des ressources humaines ? – Le journal des RH – 28/04/2021
- Burn-out chez les moins de 30 ans : et si la crise sanitaire levait le tabou ? – Les Echos Start – 29/04/2021
- Renforcer la résilience des effectifs – ISO – 28/04/2021
- Et si la crise boostait enfin la qualité de vie au travail ? – Objectif Aquitaine – 27/04/2021
Génération Z : 5 conseils pour attirer et fidéliser les talents
Parfois incomprise par les entreprises, presque redoutée, la génération Z arrive pourtant à grands pas sur le marché du travail. Si elle représente aujourd’hui 20% des actifs, on estime que d’ici 2025, plus de la moitié de la population active en fera partie.
Nés entre 1995 et 2010, les jeunes de la génération Z sont aujourd’hui âgés de 11 à 26 ans et succèdent ainsi à la génération Y, née entre 1985 et 1994. L’une des principales caractéristiques de la « Gen Z » est d’avoir grandi à une époque où Internet occupait déjà une place importante, d’où sa qualification de « Digital Native 1». Mais sa singularité ne s’arrête pas là. Ayant grandi au début des années 2000, les Gen Z se sont construits dans un contexte instable et relativement inquiétant qui a vu s’enchaîner : une crise financière et économique, la montée de la menace terroriste, le réchauffement climatique et pour finir, une pandémie mondiale. Cette succession de faits marquants a façonné la génération qui entre aujourd’hui sur le marché du travail, influençant directement ses attentes. À la fois ultra connectée et en quête permanente de cohérence, la génération Z a une vision bien à elle du monde du travail. Ne pas en tenir compte dans l’élaboration de sa stratégie marque employeur reviendrait à foncer tête baissée vers un taux de turnover vertigineux dans les années à venir.
Voici 5 conseils pour mieux recruter et fidéliser la génération Z.
1. Réévaluer l’approche managériale
1/4 de la Gen Z souhaite être considérée d’égal à égal par sa hiérarchie 2. Avide de liberté, peu sensible à l’autorité, elle associe la légitimité managériale à une capacité à donner des conseils. Elle n’est donc pas en phase avec les techniques de management traditionnelles et s’épanouit davantage grâce à un management « transversal ». Plus ouvert et participatif, il consiste à coordonner plusieurs collaborateurs de différents services pour mener à bien un projet commun. Au-delà de satisfaire les attentes de la nouvelle génération, cette approche managériale permet de fluidifier les échanges internes et donc d’améliorer la productivité. Une stratégie gagnante pour l’entreprise.
2. Miser sur la qualité de vie au travail
La génération Z, qui a vu ses parents confrontés à une certaine rigidité de leur cadre professionnel, est aujourd’hui sensible à la qualité de vie au travail (QVT). 92% des Z estiment ainsi qu’il est du rôle de l’entreprise de s’assurer du bien-être de ses salariés 2.
Si l’aménagement et l’équipement des bureaux ont pendant quelques années été vus comme les arguments ultimes permettant d’attirer de jeunes collaborateurs, il convient aujourd’hui de tempérer l’importance de ces critères. En effet, les Gen Z considèrent avec encore plus d’intérêt la flexibilité des horaires et la possibilité de télétravailler. Ainsi, plus de 2/3 des 18-35 ans en télétravail souhaitent prendre des « workations » dans les prochains mois 3. Comprenez par là, la possibilité de travailler à distance tout en voyageant.
Attention toutefois à ne pas sous-estimer l’importance des espaces de travail physiques puisque 79% des Z 2 sont attachés au fait de pouvoir se rendre sur leur lieu de travail, notamment pour y retrouver leur équipe.
3. Mettre en place une véritable démarche RSE
Attachée à la cohérence de ses actions, la génération Z ne perçoit pas le travail comme une activité nécessitant de compromettre ses croyances et ses engagements. Les entreprises soucieuses de recruter de jeunes collaborateurs doivent alors mettre en place une véritable démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) en menant par exemple des actions en faveur de la préservation de l’environnement. Faire preuve d’un réel engagement associatif à travers une fondation d’entreprise par exemple ou la possibilité de réaliser des missions de volontariat est vu par les Z comme une condition sine qua non pour rejoindre une entreprise. Ainsi, selon 46% d’entre eux, le respect des principes du développement durable est l’une des transformations à initier en priorité dans les entreprises 4.
4. Digitaliser tout ce qui peut l’être
84% des Gen Z considèrent que les technologies employées au sein d’une entreprise constituent un critère important dans le choix d’un emploi 5. En effet, ils n’ont pas connu le monde sans internet et ont, pour la plupart, été marqués dès leurs années étudiantes, par un contexte sanitaire dans lequel ils ont tout réalisé en distanciel (cours, examens, stages…). Les Z ont donc un rapport aux outils digitaux très différents de leurs aînés. En quête constante de cohérence, ils refusent qu’il y ait une rupture entre les pratiques qu’ils adoptent dans leur vie personnelle et au travail. Impensable alors pour cette génération de ne pas pouvoir postuler depuis un smartphone ou de ne pas se voir offrir la possibilité de réaliser un entretien en visio. Au-delà du processus de recrutement, il est impératif de proposer aux collaborateurs les plus jeunes une expérience digitale cohérente tout au long de leur parcours dans l’entreprise : signature du contrat de travail à distance, utilisation d’outils collaboratifs, réception des fiches de paie sous format dématérialisé, etc.
5. Mettre l’accent sur le développement des compétences des salariés
40% des compétences clés détenues aujourd’hui par les salariés vont devoir évoluer dans les 5 prochaines années 6 et les jeunes générations en sont bien conscientes. Si la plupart des Gen Z ont connu la crise économique des années 2010, ils ont tous vécu de près la crise sanitaire de la Covid-19. Nouvelles contraintes, nouveaux enjeux : les actifs n’ont pas eu d’autre choix que de se réinventer. Pour ne pas se retrouver dans l’impasse au cours des futures évolutions du monde professionnel, les Z perçoivent la nécessité de se former de manière continue tout au long de leur carrière. Ainsi, mettre en avant un plan de développement des compétences des salariés permettant de garantir leur employabilité future est un atout supplémentaire pour recruter de jeunes collaborateurs.
Avide de flexibilité, de confiance, d’engagement sociétal et d’outils digitaux, mais aussi soucieuse de son employabilité, la Gen Z semble dessiner une nouvelle donne pour les entreprises. Il faut toutefois garder en mémoire que les aspirations de cette génération ne sont pas la cause de ces évolutions mais bien une conséquence du contexte dans lequel ils ont grandi. Pour mieux les recruter et les fidéliser, il est donc essentiel de mieux comprendre leurs motivations. Ce faisant, il sera alors possible de leur proposer une expérience collaborateur alignée avec leurs attentes tout au long de leur parcours dans l’entreprise.
Sources
- « Digital Natives, Digital Immigrants », Marc Prensky, 2001
- Future of work : quelles attentes de la gen z pour l’entreprise de demain ? étude Mazars et Opinion Way, 2019
- http://courriercadres.com/actualites-emploi/les-projets-de-workations-se-multiplient-10052021
- EDHEC NewGen Talent Centre © NewGen for Good – Mai 2019
- https://www.blogdumoderateur.com/numerique-generation-z-travail/
- World Economic Forum – Future of jobs, report 2020
Interview Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH
La digitalisation offre des opportunités pour la fonction RH. Encore faut-il ne pas se tromper d’objectif et privilégier l’humain. Primobox a souhaité interroger Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH (Association Nationale des Directeurs en Ressources Humaines), sur les enjeux de la dématérialisation et de la digitalisation pour les DRH.
Selon vous, aujourd’hui, que représente la digitalisation et la dématérialisation pour la fonction RH ?
Pour moi, le digital rend de plus en plus nécessaire la recherche d’un meilleur équilibre entre l’expérience client et l’expérience collaborateur sous l’effet notamment d’une attente de plus en plus forte d’individualisation de la relation employeur-employé. Je m’explique. D’un côté, dès lors que les entreprises se digitalisent, la fonction RH aussi, sinon elle prend le risque d’être en décalage par rapport au rythme et à la culture de l’entreprise.
D’un autre côté, les réseaux sociaux, qui poussent ce que l’on a envie de dire, permettent une personnalisation très interactive de la vie digitale. Toutefois, ce mouvement creuse un peu plus le fossé entre la vie à la maison et celle en entreprise. Avant la digitalisation, les gens avaient au bureau des dispositifs informatiques bien plus puissants que ceux qu’ils avaient chez eux. Aujourd’hui, c’est l’inverse, et les salariés ont le sentiment de reculer quand ils sont dans l’entreprise ou d’être dans un monde qui n’existe plus. En tout cas, ce n’est plus le leur. De fait, la crise sanitaire accélère le retour à une logique d’individualisation de la relation qu’ils ont dans la vie de tous les jours.
Les DRH sont-ils encore le moteur de la transformation digitale ?
J’ai toujours été convaincu que le meilleur promoteur de la digitalisation des entreprises, ce sont les salariés eux-mêmes. S’ils s’en sentent les bénéficiaires, ils en deviennent de très bons promoteurs. Cela étant, en 2017, une enquête sur les défis de la fonction RH réalisée par l’ANDRH à l’occasion de ses 70 ans, avait montré qu’effectivement les services des Ressources Humaines étaient moteurs de la transformation digitale dans l’entreprise. Mais pas seulement.
En parallèle, l’enquête a aussi relevé que les DRH devaient calmer les enthousiasmes un peu délirants autour d’une digitalisation qui allait tout changer. Certes, la digitalisation de l’entreprise génère des besoins de compétences nouvelles, mais pour autant elle ne peut ignorer – au risque d’échouer – le temps d’apprentissage incompressible, qui n’a pas accéléré dans des proportions comparables.
Les DRH ont donc un rôle très important de rendre possible la concordance des temps : la stratégie, le digital et les êtres humains. C’est pour cela qu’ils sont à la fois moteurs pour favoriser le développement des compétences digitales et leur utilisation dans l’entreprise. Ils sont là aussi pour que l’entreprise demeure vigilante sur le temps nécessaire à la réelle acquisition de compétences, à l’adaptation managériale.
Justement, qu’estimez-vous être un bon usage du digital pour la fonction RH ?
Si je me place à l’échelle de l’entreprise, c’est la simplification des relations entre les RH et les salariés. L’administration du personnel, l’administration de la formation, l’administration de la paie… ont vocation à se digitaliser très vite :
- Ce n’est pas normal de devoir appeler les DRH pour demander une attestation d’emploi quand on veut faire un emprunt bancaire. Cela doit se faire de manière digitale et automatique.
- Ce n’est pas normal de devoir appeler la fonction RH pour connaître le nombre de jours de congés restant à prendre…
- On doit pouvoir gérer la formation dans un mode très hybride avec une partie en présentiel et une autre en distanciel.
- On doit pouvoir recruter en réglant tous les problèmes de vérification des expériences et des compétences.
L’administration du personnel reste essentielle, car une paie juste et des droits appliqués sont le premier acte fondateur de la relation employeur-employé : le respect du contrat de travail. C’est une mission évidemment très concernée par la digitalisation, mais c’est loin d’être la seule.
Et si vous vous placez à l’échelle de la direction des Ressources Humaines, quelles sont les bonnes pratiques ?
La dématérialisation et la digitalisation ont aussi un effet positif sur la fonction RH, si toutes les tâches à faible valeur ajoutée extrêmement répétitives disparaissent pour redéployer les gens vers les fonctions à plus forte valeur ajoutée. Par exemple, pour le recrutement, je n’ai jamais cru que le tout digital était une bonne idée. En revanche, il permet aux DRH d’occuper son vrai métier : mener des entretiens avec des personnes physiques qui sont des êtres humains et être capable de détecter si ces personnes vont pouvoir s’intégrer dans la culture d’entreprise, leur potentiel, leur caractère…
Qu’il s’agisse de construction des parcours des carrières, de gestion anticipée de l’employabilité, de gestion des organigrammes de succession, d’évaluation permanente des compétences acquises et à acquérir, de transformations de métiers… La meilleure des IA ne remplacera jamais la capacité de transformation managériale. La fonction RH est une fonction collective : s’assurer que l’on a le bon nombre de personnes avec le bon nombre de compétences au bon endroit. Cela nécessite de l’anticipation permanente, car le marché évolue extrêmement vite. Ce que permet le digital. Mais la RH, notamment en France, ne fait pas suffisamment ce travail d’anticipation. Elle est surtout occupée par la dimension de la relation sociale. Or, c’est la qualité du service rendu par les équipes RH qui fonde la qualité du dialogue social. Trop souvent l’approche est inverse.
Benoît Serre est vice-président délégué de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Il est aussi associé au Boston Consulting Group pour accompagner les entreprises dans leurs stratégies RH et sociales. Auparavant, il a occupé la fonction de DRH de grands groupes comme Leroy Merlin et la Macif.
Un partenariat stratégique pour la gestion des flux documentaires RH
La société Ostendi – acteur français du marché RPA* – et Primobox, spécialiste de la dématérialisation RH, annoncent un partenariat pour répondre aux besoins croissants des grands comptes sur la gestion des flux documentaires RH, besoins soutenus notamment par l’accroissement du télétravail.
L’objectif ? S’intégrer au cœur des écosystèmes SIRH (Système d’information de gestion des ressources humaines) pour automatiser de bout en bout le process de dématérialisation RH.
D’une collaboration ponctuelle au partenariat stratégique
L’histoire entre les deux entreprises remonte à fin 2019, à la suite d’une demande client souhaitant intégrer dans sa solution SIRH, une « brique » technologique manquante. L’objectif : gérer de bout en bout la dématérialisation RH, de la création de documents de manière automatisée à la signature électronique et l’archivage de ces derniers.
Forts d’une implémentation probante, Ostendi et Primobox ont constaté qu’il s’agissait d’une demande partagée par de nombreuses entreprises – principalement les ETI et grands comptes – à laquelle ne répondent pas les applications existantes.
« Les principaux outils SIRH du marché s’intéressent à la vie du collaborateur au sein de l’entreprise et non aux documents RH. Avec une proposition de valeur centrée sur la gestion des flux des documents RH, la complémentarité de nos deux entreprises vise à concrétiser la transformation digitale des Directions Ressources Humaines » précise Maurice Calvo, dirigeant et co-fondateur d’OSTENDI.
Une solution métier inédite
L’offre développée par le binôme a pour vocation d’accompagner les Directions des Ressources Humaines dans leur quotidien, en proposant une solution métier adaptée qui réponde à leurs besoins de création, d’automatisation, de mise à jour et de pilotage des processus RH (contrat de travail, avenant, notes d’information, charte informatique, bulletins de paie, soldes de tout compte, etc.).
La valeur ajoutée de cette alliance stratégique est multiple :
- L’amélioration de la productivité en limitant les tâches administratives et en donnant de l’autonomie aux directions métiers (déploiement et mise à jour sans aucune intervention informatique/technique)
- L’interopérabilité avec les applications RH du marché
- La réponse aux exigences réglementaires et la garantie de l’intégrité des contenus & process : Ostendi et Primobox sont adhérentes à la FNTC (La Fédération des Tiers de Confiance du Numérique) et exemptes du Cloud Act (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act)
« Notre volonté est de proposer une solution de dématérialisation totale et prête à l’emploi pour les directions RH des grandes entreprises, compatible avec les écosystèmes SIRH en place. Le document RH est le cœur du réacteur des Ressources Humaines : il est capital d’être en mesure de fournir aux entreprises une réponse efficace, sur l’ensemble de la chaîne de dématérialisation, et répondant à toutes les obligations de sécurité, notamment en matière de RGPD, traçabilité, et d’archivage des données » déclare Ludovic Partyka, dirigeant et co-fondateur de Primobox.
À propos de Primobox
Acteur historique de la transformation numérique, Primobox accompagne les services Ressources Humaines et promeut une dématérialisation comme outil d’optimisation des performances et de la qualité de vie au travail. Entreprise bordelaise créée en 2007, dirigée par Ludovic Partyka. CA 2020 : 4,5 M€ ; effectif : 45 salariés au 31/12/2020. Certifications & Récompenses : 2018 et 2020 – labellisation en tant qu’Entreprise Numérique Responsable (ENR) ; 2010 – 1er Prix aux E-Doc Award pour la solution DEMAT RH® (dématérialisation des bulletins de paie) ; 2011 – Trophée pour la Confiance en l’Économie Numérique pour l’espace de stockage électronique sécurisé myPrimobox ; 2016 – L’espace de stockage myPrimobox est reconnu par le Ministère du Travail et accessible depuis le CPA (Compte Personnel d’Activité).
À propos d’Ostendi
Michel Attia et Maurice Calvo, ingénieurs, ont créé OSTENDI et la solution Osidoc en 1995. Précurseurs en Legaltech pour l’automatisation de la rédaction de documents « no code » et la main des sachants métier, Osidoc s’est imposée comme moteur RPA de composition intelligente pour tout type de documents. Osidoc est déployé dans des configurations clientes de 5 à plus de 40.000 utilisateurs, en France et à l’international, en banque, assurance, immobilier etc. Osidoc couvre également les fonctions transverses telles que les ressources humaines, les directions juridiques …
Certifications & Récompenses : 1er prix E-doc Award 2013, nominé à plusieurs reprises sur des sujets de Legaltech, éditique, …Labélisé Truxt par Exaegis (Markess) en 2020 et membre de la FNTC.
*Robot Process Automation : technologie reposant sur l’utilisation de logiciels d’intelligence artificielle aussi appelés « robots logiciels ». Selon l’étude menée par Gartner, ce marché représentera en 2021 près de deux milliards de dollars avec une croissance à 2 chiffres pour les 3 prochaines années.
Dématérialisation RH et externalisation de la paie : le duo gagnant !
Plus que jamais, les Ressources Humaines ont besoin de rationaliser leurs processus pour alléger leur charge de travail. En effet 61%* des professionnels RH déclarent manquer de temps au quotidien. Pour y remédier, 43%* d’entre eux aimeraient alléger les tâches de saisie et ressaisie et autant ont des difficultés à suivre les évolutions réglementaires. 65%** des décideurs RH pensent que l’automatisation des processus RH est un enjeu primordial pour la profession.
L’externalisation de la paie combinée à la dématérialisation des bulletins de salaire est une vraie piste pour alléger le quotidien des RH. Gain de temps et tranquillité d’esprit sont la vraie force de ce duo gagnant !
Externaliser la paie pour gagner en efficacité
Un casse-tête réglementaire ! C’est ce que constitue souvent la gestion de la paie, tant les lignes bougent dans cet univers. Happés par ce volet, les RH peinent à avancer sur d’autres missions stratégiques comme le recrutement et l’accompagnement des talents.
Suivre les changements réglementaires demande de maintenir ses compétences paie à jour et de disposer également de ressources suffisantes en interne. Choisir de se tourner vers un partenaire, dont c’est le métier, peut donc s’avérer utile.
Pour l’entreprise, l’externalisation de la paie offre ainsi un ensemble d’avantages. Outre la maîtrise des coûts et le temps gagné, qui lui permet de se consacrer à ses missions stratégiques, elle bénéficie d’un traitement administratif RH fluide et sécurisé.
À cela s’ajoutent l’accompagnement et les conseils sur mesure. Via une équipe de juristes, Sigma assure une veille légale et réglementaire permanente, ce qui libère l’entreprise de toute cette complexité. Le client optant pour l’externalisation profite, de plus, d’un accompagnement personnalisé par des experts en gestion de paie.
La mise en place de l’externalisation de la paie, pour être un succès, demande réflexion, écoute, méthode et quelques autres composantes essentielles, comme une communication de qualité et la maîtrise des spécificités de chaque client.
Aller plus loin en dématérialisant ses fiches de salaire
Une fois la paie validée, ne vous arrêtez pas en si bon chemin ! Dans la continuité de l’externalisation de la paie, la dématérialisation des bulletins de salaire vous permet d’aller plus loin dans l’optimisation des processus RH. En effet, en optant pour cette solution :
– Vous gagnez du temps en supprimant les tâches répétitives d’impression et de mise sous pli. Ce temps récupéré vous permet de vous concentrer sur votre cœur de métier et améliore la productivité du service.
– Vous transformez votre marque employeur en proposant à vos collaborateurs un service moderne, efficace et gratuit, qui se rapproche des expériences numériques du quotidien : utilisation d’une application mobile, documents dématérialisés accessibles simplement, partage facilité.
Côté collaborateurs, ces derniers reçoivent leur fiche de paie rapidement et en toute sécurité dans un espace personnel sécurisé, accessible depuis un ordinateur ou un smartphone. La confidentialité des données personnelles présentes sur le bulletin est assurée car seuls les RH et le salarié y ont accès.
– Vous réalisez des économies en supprimant les frais de papier et d’affranchissement des courriers.
Et si après tout, en 2021, s’équiper d’outils numériques performants n’était pas le seul moyen de garder efficacement le lien avec ses collaborateurs ? En s’affranchissant de la gestion complexe de la paie et des bulletins, les équipes RH peuvent se recentrer sur leur cœur de métier à savoir l’humain. L’esprit libre, les RH sont plus disponibles et le temps gagné bénéficie aux collaborateurs. C’est une excellente combinaison pour les Ressources Humaines et définitivement un duo gagnant à mettre en place !
* Baromètre des RH 2020 – Éditions Tissot
** Docuware / Markess – Étude sur la digitalisation des processus RH – 2020
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Dématérialiser pour mieux rematérialiser l’humain : une décision hautement stratégique
La dématérialisation des processus RH n’implique pas une déshumanisation des relations sociales au sein des organisations. Au contraire, de nombreux exemples montrent qu’elle offre l’occasion d’un recentrage autour de l’humain. Encore faut-il que la direction générale l’entende ainsi.
La dématérialisation au cœur de la réussite de la gestion de la crise sanitaire
Nul ne le conteste : la crise sanitaire accélère la transformation numérique des entreprises. La dématérialisation s’est posée comme une solution robuste et efficace lorsque tout le pays a été confiné, il y a tout juste un an. Sans elle, aucune Direction RH n’aurait pu respecter ses missions, et en particulier celle de la gestion de la paie. C’est un grand pas qui a été fait. Car il y a dix ans, le sujet suscitait de nombreuses objections. Entre-temps, les pratiques RH ont évolué et doivent continuer leur mue.
La gestion de la paie illustre bien les mutations qui s’opèrent dans les équipes RH et dans la compréhension de leur rôle au sein de l’entreprise. Longtemps, la distribution de la main à la main du bulletin de paie était perçue comme un acte fort de management. Chaque mois, ce rituel permet, quand ce sont les RH qui font le tour des équipes, d’échanger avec chaque collaborateur. Ce dernier peut alors se saisir de l’instant pour poser une question ou évoquer un point particulier. Le temps a montré que ce lien et ce liant dévoué au papier étaient surprenants, voire absurdes. D’autant plus lorsque ce sont les managers qui servent d’intermédiaires pour la distribution : ils sont rarement en capacité de répondre aux questions concernant la fiche de paie et renvoient au service en question.
Des relations sociales plus sincères
Quand la dématérialisation s’est développée pour limiter les tâches chronophages et à faible valeur ajoutée, les résistances n’ont pas manqué pour en retarder la mise en œuvre. La fonction RH, ou plus précisément les équipes de la gestion de la paie y perdraient un point de contact régulier avec chaque collaborateur. Ce qui est vrai pour une organisation suffisamment importante où la gestion des bulletins de salaire peut être l’apanage d’une équipe très cantonnée à la paie, selon les règles de l’art, et la convention collective.
Ici, cette peur vient de la qualité de la communication et du travail collaboratif avec les autres équipes RH. Or, il est urgent de se remettre en question quand il faut distribuer, de la main à la main, un bulletin de paie pour avoir un feed-back, un point de contact collaborateur. Aujourd’hui, une large majorité des entreprises a opté pour l’envoi à domicile et montre qu’effectivement il existe bien d’autres façons pour créer du lien et des échanges réguliers entre les RH et les collaborateurs. Et cela s’applique à toutes les démarches RH, comme le contrat de travail.
Intensifier les échanges entre DRH et collaborateurs
Malgré la distanciation en raison de la crise de la COVID-19, la fonction RH n’a jamais autant échangé avec chaque salarié que durant les douze derniers mois qui viennent de s’écouler. Rien d’étonnant à cela : la dématérialisation fait gagner du temps et apporte de la disponibilité pour les DRH afin de mener de vrais échanges et de vraies discussions.
Pour autant, il n’y a pas de recette magique. Rematérialiser l’humain s’inscrit dans une démarche plus large que celle de la gestion des Ressources Humaines. Une dématérialisation réussie repose sur les changements en amont et en aval à sa mise en place. Si la direction générale choisit de dématérialiser pour réduire les RH ou les réaffecter à d’autres missions dans l’entreprise, alors effectivement, le salarié ne va pas comprendre que ces points de contact aient disparu au profit de « robots » et autres démarches automatisées sans échange humain.
Recentrer la fonction RH sur l’humain
Investir dans l’humain est un choix stratégique, où la dématérialisation se place comme un facilitateur nécessaire, mais pas suffisant. Il ne faut pas alléger les équipes RH, mais leur allouer le temps gagné à des missions et sujets centrés sur l’humain, jusqu’ici peu ou mal traités. Le plus bel exemple de réussite en la matière, ce sont les services des impôts. Grâce au portail impots.gouv.fr, chaque contribuable dispose d’un contact beaucoup plus rapide avec un inspecteur des impôts. Ce succès tient dans le fait que la dématérialisation a été mise en place pour allouer du temps dans les échanges avec les usagers. Toutes les administrations n’ont pas fait ce choix et la dématérialisation les a complètement déshumanisées.
Les entreprises ont donc tout intérêt à suivre la démarche de la DGFIP. Leur agilité ne peut plus reposer sur des entretiens d’évaluation programmés tous les deux ans, mais sur des échanges réguliers. Elles ont besoin d’une relation triangulaire — les DRH, les managers et les collaborateurs — pour anticiper les explosions de conflits et les échecs afin de trouver les solutions avant l’irrattrapable. Dit autrement, aujourd’hui et demain, pour les RH, le cœur de la mission consiste à accompagner chaque salarié dans son expérience collaborateur : être à l’écoute, conseiller et accompagner le collaborateur individuellement avec des réponses personnalisées et adaptées.